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14 mars 2016

Le Morbillivirus félin, également retrouvé dans l’urine de chats aux USA

par Vincent Dedet

Le Morbillivirus félin en microscopie électronique : les flèches pointent sur les particules virales, dans les cellules infectées (in vitro). La barre d'échelle figure 500 nm (cliché Takayuki Miyazawa, université de Tokyo, reproduit avec l'autorisation de son auteur).

Après l’Asie, où ils ont été découverts en 2012, l’Europe, où ils ont été signalés en 2015, c’est au tour de l’Amérique du Nord de détecter des Morbillivirus félins chez des chats souffrant – ou non – d’insuffisance rénale chronique.

 
Le Morbillivirus félin en microscopie électronique : les flèches pointent sur les particules virales, dans les cellules infectées (in vitro). La barre d'échelle figure 500 nm (cliché Takayuki Miyazawa, université de Tokyo, reproduit avec l'autorisation de son auteur).
 

Le FMoPV (pour Feline Morbillivirus Paramyxoviridae) a été de manière répétée et de plus en plus étayée impliqué dans les insuffisances rénales chroniques du vieux chat. Identifié pour la première fois à Hong Kong (Chine) chez des chats errants, il a depuis été retrouvé au Japon (en 2014), puis en Europe (Allemagne et Italie, 2015) chez des chats de compagnie. Il n’en fallait pas plus pour que les cliniciens de la faculté vétérinaire de Tufts Cummings (université de Boston, USA) ne se mettent à tester les urines de chats locaux (une RT-PCR quantitative, ainsi qu’une LAMP-PCR sont disponibles).

15 mois (au moins) de portage

Selon leurs résultats préliminaires, publiés début mars, le premier chat à avoir été trouvé positif aux USA remonte à octobre 2013. Il s’agissait d’un “Européen” de 4 ans, mâle, en bonne santé. Un prélèvement urinaire a été réalisé en janvier 2015, sur le même chat, toujours en bonne santé : il était aussi positif. Les auteurs ont séquencé les fragments d’acide nucléique amplifiés par les deux RT-PCR réalisées à 15 mois d’écart : elles sont homologues. De plus, la charge génomique dans les deux prélèvements n’était pas significativement différente. Ce qu’ils interprètent comme « des arguments en faveur d’une infection chronique » et asymptomatique. Cela confirme aussi que l’urine est une voie d’excrétion du virus.

Enquêtes en cours

Les auteurs ont ensuite réalisé le séquençage de la totalité du génome de ce FMoPV, ce qui leur a permis de fabriquer leur propre RT-PCR, mais aussi de produire un antigène, utilisé pour un test sérologique. Ils obtiennent des titres sérologiques très élevés sur certains sujets, un sérum étant encore positif à la dilution de 1/12 800, l’autre à 1/6 400. Aussi, une « enquête de séroprévalence et de neutralisation croisée a [-t-elle] été lancée, à grande échelle ». L’article ne fournit pas plus d’indications sur ce point.

Trois insuffisants rénaux

En revanche, l’examen de 327 échantillons d’urine (origine et statut clinique des chats non précisés) a permis aux équipes américaines de détecter 10 excréteurs, soit 3 % de cette “population”. Trois de ces chats souffraient d’insuffisance rénale chronique, et 7 non. Ce qui, en l’absence de l’âge des animaux, ne permet pas aux auteurs de proposer de lien entre l’insuffisance rénale et l’infection virale. Toutefois, les Morbillivirus (rougeole, peste bovine, maladie de Carré…) sont surtout connus pour induire une persistance dans le système nerveux central, pas dans l’appareil urinaire.

Pas de FPaV

« Ces observations devraient déclencher de nouvelles recherches, car la prévalence de l’insuffisance rénale réduit la qualité de vie des animaux atteints, et représente la cause ultime du décès de près d’un tiers des chats ». L’équipe allemande qui avait décrit l’été dernier, en plus de celle du FMoPV, la présence d’un autre Paramyxovirus (le FPaV, n’appartenant pas aux Morbillivirus) dans les urines de certains chats insuffisants chroniques allemands figure parmi les cosignataires de cet article. Si ce FPaV avait été présent dans la population féline étudiée aux USA, elle aurait été signalée. Il semble qu’il n’en soit rien pour l’instant.